Au début

Peut être de l’art

Photo Thami Benkirane

 

Il y a eu au début
 
Cette trouée de lumière
comme un chant éveillé
à la lisière des songes
 
Une poudre aurifère
échappée de l’éteule,
ce vibrato de l’air
jaillissant tel une envolée
d’oiseaux des chants
 
Tout était permis alors
dans cet évasé
des couleurs de l’aube
et dans les tracés du vent
au graphisme oublié
 
 
© BaBeL
 

La désenvolée

 

Peut être de l’art

(Peinture Holly Anderson)

 

Tu voulais voir le monde
et danser sous les étoiles
jusqu’à briser le verre
de la lune
 
Tu voulais goûter au sel
d’autres peaux et te baigner
dans d’autres eaux
 
Tu as suivi longtemps
le vol de cet oiseau, libre,
échappé de ta tête
 
Mais un jour,
plombé par un chasseur de rêves,
tu as trouvé
dans le lit de ta rivière
une balle,
une aile
et
ton ombre…
 
 
© BaBeL

 

 

Les chasseurs d’éternel

 

 

Peut être une image de 1 personne et sculpture

Oeuvre Benjamin Matthew Victor

~

Aux chasseurs d’éternel
qui nous plombent les ailes,

En rusant de leurs mots
pour tenter de nous rendre
aveugles
au fragile de nos tours de sable
et sourds
au blessé des silences qui ont fini
par nous trouer l’âme,

Dans le vertige de nos rêves,
ces ailes à la peau nue
qui nous portaient si haut,
et qu’ils ont mutilées à coups
de certitudes,

À tous ces faux passeurs d’étoiles,
je dirai que nous sommes aussi
ce que nous avons failli être..

 

© BaBeL

 

L’angle mort

 

Aucune description de photo disponible.
Peinture Catherine Reineke-Manry

 

 

Dans mes veines
S’écoulent en-corps
À l’infime

 

Les voix frelatées
D’un temps
de Nous
Qui se ramasse

 

À l’appel
D’une mémoire
Figée
Dans l’angle mort
Des amours infidèles

 

© BaBeL

 

La décrue

 

Peut être de l’art

Peinture Bill Jacklin

 

J’ai construit ma maison de l’autre côté de la nuit.

 

J’entends le frôlement de la lumière se poser

Sur le chant de l’oiseau qui crépite à ma fenêtre,

La décrue des heures sombres qui s’égouttent

Une à une en perles de mémoire à réinventer.

 

Désormais, chaque jour j’ausculte le destin,

Je tâte le pouls des fleurs ou des arbres

Et je règle mon pas sur celui de l’eau.

 

Mon âme, toute jeune encore, s’infuse

Au souffle du vent qui, dans ses méandres,

Me délivrera de l’Exil et me rebaptisera

Dans l’ivresse et le vertige du devenir..

 

© BaBeL

 

 

 

Sur le bord

Peut être une image en noir et blanc

Photo Judith in den Bosch

 

sur le bord
rien ne se voit
rien ne s’écoute
rien ne se dit plus

entre deux ombres
un germe de feu
qui brûle sans flammes

un bruit d’eau sans eau
qui creuse l’attente

alors le jour se ferme
sur cet éblouissement
dans le noir qui hurle
entre les pierres

BaBeL

Un jour

Aucune description de photo disponible.
Photo-art Anneke Valbert

~

Un jour,

quand nos exils

se seront consumés

comme un flambeau

d’obscure lumière,

*

Dans une parfaite union

de la main et de la parole,

*

Un jour

je séparerai les eaux

pour que tu parviennes

jusqu’à moi.

~

© BaBeL

Instance

 

Aucune description de photo disponible.

Peinture Karim Meziani

 

Il nous faudrait avoir l’humilité des pierres

Nues en offrande au ciel ou célées sous la terre

Sentinelles pétrifiées face aux effondrements

Toujours à résister contre vents et marées

Aux débords et folies des humains sans esprit

Niant la toute urgence à faire renaître en nous

Cette graine sacrée venue du fond des âges

En instance de prendre racine en nos coeurs

 

BaBeL (acrostiche 2020 modifié)

 

Juste en face

L’image contient peut-être : une personne ou plus et plein air
Oeuvre Ernest Pignon-Ernest (« L’assassinat de Pasolini »)

***

Je regarde le monde par la fenêtre

en écartant les volets

qui claquent au vent

et se referment sans cesse

sur le dedans

~

Moi je claque des dents, de peur

de n’avoir en cet instant

qu’une vision tronquée

du théâtre de la Vie

~

Le regard se blesse

sur une affiche déchirée, là

juste en face, sur un mur de désolation

où la vie s’abîme

~

Une fraction de seconde

où tout se fige

entre le prisme démultiplié

des perceptions visuelles

et la dissonance des voix de la Cité

~

Une fêlure du temps

à peine perceptible

qui suffit à en décoller les morceaux

et à m’épingler le coeur..

~

© BaBeL

Comme si de rien n’était

L’image contient peut-être : ciel, plein air et nature
Photo Daisuke Yokota

***

Comme si le temps s’était arrêté à l’heure du silence

quand tout s’oppose en résistance au besoin du dire

~

Elle a cru qu’on pourrait lire sur les lèvres

mais les mots, un à un, se sont heurtés

au mur de ses dents – infranchissable

~

Elle a voulu écouter le murmure du vent mais le souffle

s’est dissipé avant même d’atteindre son sillage,

la mer avait tout avalé de sa vague gourmande

~

Les pages de son livre ont retrouvé le blanc originel

indissociable du non-paraître,

~

Laissant toute la place à l’imprenable des jours

de l’aube jusqu’au crépuscule,

comme si de rien n’était

~

© BaBeL