Photo Thami Benkirane
Photo Thami Benkirane
(Peinture Holly Anderson)
Oeuvre Benjamin Matthew Victor
~
Aux chasseurs d’éternel
qui nous plombent les ailes,
En rusant de leurs mots
pour tenter de nous rendre
aveugles
au fragile de nos tours de sable
et sourds
au blessé des silences qui ont fini
par nous trouer l’âme,
Dans le vertige de nos rêves,
ces ailes à la peau nue
qui nous portaient si haut,
et qu’ils ont mutilées à coups
de certitudes,
À tous ces faux passeurs d’étoiles,
je dirai que nous sommes aussi
ce que nous avons failli être..
© BaBeL
Peinture Bill Jacklin
J’ai construit ma maison de l’autre côté de la nuit.
J’entends le frôlement de la lumière se poser
Sur le chant de l’oiseau qui crépite à ma fenêtre,
La décrue des heures sombres qui s’égouttent
Une à une en perles de mémoire à réinventer.
Désormais, chaque jour j’ausculte le destin,
Je tâte le pouls des fleurs ou des arbres
Et je règle mon pas sur celui de l’eau.
Mon âme, toute jeune encore, s’infuse
Au souffle du vent qui, dans ses méandres,
Me délivrera de l’Exil et me rebaptisera
Dans l’ivresse et le vertige du devenir..
© BaBeL
Photo Judith in den Bosch
sur le bord
rien ne se voit
rien ne s’écoute
rien ne se dit plus
entre deux ombres
un germe de feu
qui brûle sans flammes
un bruit d’eau sans eau
qui creuse l’attente
alors le jour se ferme
sur cet éblouissement
dans le noir qui hurle
entre les pierres
BaBeL
~
Un jour,
quand nos exils
se seront consumés
comme un flambeau
d’obscure lumière,
*
Dans une parfaite union
de la main et de la parole,
*
Un jour
je séparerai les eaux
pour que tu parviennes
jusqu’à moi.
~
© BaBeL
Peinture Karim Meziani
Il nous faudrait avoir l’humilité des pierres
Nues en offrande au ciel ou célées sous la terre
Sentinelles pétrifiées face aux effondrements
Toujours à résister contre vents et marées
Aux débords et folies des humains sans esprit
Niant la toute urgence à faire renaître en nous
Cette graine sacrée venue du fond des âges
En instance de prendre racine en nos coeurs
BaBeL (acrostiche 2020 modifié)
***
Je regarde le monde par la fenêtre
en écartant les volets
qui claquent au vent
et se referment sans cesse
sur le dedans
~
Moi je claque des dents, de peur
de n’avoir en cet instant
qu’une vision tronquée
du théâtre de la Vie
~
Le regard se blesse
sur une affiche déchirée, là
juste en face, sur un mur de désolation
où la vie s’abîme
~
Une fraction de seconde
où tout se fige
entre le prisme démultiplié
des perceptions visuelles
et la dissonance des voix de la Cité
~
Une fêlure du temps
à peine perceptible
qui suffit à en décoller les morceaux
et à m’épingler le coeur..
~
© BaBeL
***
Comme si le temps s’était arrêté à l’heure du silence
quand tout s’oppose en résistance au besoin du dire
~
Elle a cru qu’on pourrait lire sur les lèvres
mais les mots, un à un, se sont heurtés
au mur de ses dents – infranchissable
~
Elle a voulu écouter le murmure du vent mais le souffle
s’est dissipé avant même d’atteindre son sillage,
la mer avait tout avalé de sa vague gourmande
~
Les pages de son livre ont retrouvé le blanc originel
indissociable du non-paraître,
~
Laissant toute la place à l’imprenable des jours
de l’aube jusqu’au crépuscule,
comme si de rien n’était
~
© BaBeL